Retour à Santo, nous allons au nakamal et pensant rentrer en taxi, une voiture s’arrête et propose de nous ramener….ok
Coup de bol, le conducteur est le « capitaine » du bateau que l’on cherche depuis plusieurs jours pour partir sur Pentecost. Le bateau, enfin, le cargo, part le lendemain soir. ..Une tempête est annoncée et elle vient d’arriver sur Santo, je ne suis pas tranquille mais je me dis que le bateau ne partira pas si les conditions ne sont pas bonnes….
Malgré la tempête le cargo se charge, il n’est normalement prévu que pour la marchandises mais on est cinquantaine de personnes à embarquer. Il faut se trouver un bout de palette pour s’installer. Certains sont là pour 6 jours pour arriver à Villa (enfin là plupart sont des femmes qui vont à Villa à un colloque sur les femmes battues, et notre colocataire le visage…marqué). Tout ça à un petit air de boat people, entassés. mais la tempête arrive, les vagues passent pardessus le bateau, le bateau se remplit d’eau. je n’ai jamais senti le danger si près…. je me protège d’un drap des vagues, et une mamie rampe jusqu’à moi ; persuadée que je vais la sauver, parce que je dois avoir la recette !!! tous les passagers vomissent…partout…sur mon drap aussi 😉 je pense que le bateau va couler et on ne voit pas la côte, pas de gilets de sauvetages non plus… et les seuls qui ne vomissent pas, ce sont nous et un papi. Les autres ont des bouts de riz partout, même l’équipage, ce qui n’est vraiment pas bon signe !!! On arrive enfin à destination, on voit la côte mais le bateau ne peut pas accoster à cause de la houle, il faut faire demi-tour, je panique, je ne veux pas retourner dans la tempête, pas d’autre solution ? Je veux rester près du rivaaaaaaaaaaaaaaage !!!!! Mais non ! On fait demi-tour, la tempête s’est calmée et le Le bateau s’arrête dans la nuit sur l’île d’ Ambae. On nous annonce que le bateau repartira dans 4h, heureusement, on est hébergés grâce aux locaux, ce qui nous permet de passer la nuit au sec. 4h plus tard, le bateau n’a pas été nettoyé, il y a du vomi partout, et un triste bilan : un coq mort…il était à mes pieds pendant la tempête mais je n’ai pas pu le sauver le pauvre….
Enfin le lendemain en fin de journée on arrive à Pentecôte et au village de Londar et la famille du chef Luke nous accueille. Ici c’est le bout du monde. En nous promenant dans le village, nous rencontrons les jeunes qui préparent leurs lianes pour le saut…et nous voyons la tour érigée. Le lendemain, emmenés par Chief Luke avec sa branche d’arbre bien calée dans les fesses, nous assistons au fameux saut du gaul (ancêtre du saut à l’élastique), un rituel local lorsque l’igname est arrivé à maturité, les hommes se jettent dans le vide du haut d’une tour, les pieds attachés par une liane et doivent toucher le sol avec les épaules pour assurer la prochaine moisson. Les plus jeunes sautent du premier niveau, et de plus en plus haut, de plus en plus haut… On a tremblé pendant 2h !
Le soir, nous rencontrons Max, le meilleur sauteur, un petit jeune d’une vingtaine d’année qui parle un peu français avec un accent adorable !!! On sympathise avec lui, on boit le kava, le lendemain il nous emmène pêcher la crevette dans la rivière et on aura droit à un super barbecue…on passera les prochains jour avec lui, dont notre dernière soirée où il nous fait un kava traditionnel…on est pas biens. On apprend qu’il traverse chaque année l’île à pied, à travers la jungle et la montagne, au moment du saut du gaul pour venir sauter , c’est son boulot quoi !! Max porte le Nambas, (étui pénien), et je lui demande s’il le porte tout le temps; il me répond avec beaucoup de franchise : « non, pour le saut et quand il pleut, pour par mouiller mes habits » …j’adore !!
On reste 4 jours à Londar, puis nous partons à pied pour Waterfall village, il fait chaud les sacs sont lourds, on traverse des rivières avec de l’eau jusqu’à la taille et surprise une voiture arrive (l’une des rares de l’île)…on fait du stop et ils nous emmènent à Waterfall, l’un des pire voyage en voiture (en pick up) que nous ayons eu… bumpy road !!!
l’anecdote : à Londar, en nous réveillant le matin, on voit un yacht dans la baie, on descend vers la plage et là nous rencontrons un couple de belges venus voir le saut du gaul. Le genre…millionaire; ils nous invitent sur le yacht et nous payent l’apéro avec saucisson, fromage et bière fraiche…improbable !! Une fois de plus, on se dit que l’on aime l’aventure…mais des fois …on apprécie 😉 d’ailleurs ce qui me fera le plus baver c’est la salade verte que leur prépare leur cuisinière, mais on ne sera pas invités au diner !!!